Elle pénètre dans la tour sombre. Monte lentement quelques étages, prenant le soin de visiter les paliers de chacun d’eux. Elle a la tête qui tourne, sous l’effet du vin peut-être mais aussi celui des souvenirs qui lui reviennent subitement en mémoire. Des images des ses parents d’abord, puis elles se sindent en deux, devenant de plus en plus floues. Là les larmes commencent à perler sur ces joues d’une douceur de soie et couleur de la neige. Ces joues que j’ai pu caresser mille foies sans ne plus pouvoir m’en passer. Elle arrive enfin au 5eme, là elle ne prend plus la peine de visiter l’étage, elle avance seulement vers la pièce du bout, marchant sur des tessons de bouteille laissées là par quelque vagabond. Certains bouts de verre traversent ses fines chaussures, lui rentrant dans les pieds. Mais elle ne les sent pas, d’ailleurs tout son corps reste insensible à la moindre douleur. Elle avance au hasard des couloirs et pourtant elle sait exactement où aller. Le couloir dans lequel elle s’avance, qui tantôt était plongé dans un noir des plus total est maintenant faiblement éclairé. Es-ce ces yeux qui se sont habitués à l’obscurité ou l’éclairage de la rue qui filtre à travers la fenêtre cassée du fond ? Finalement sûrement un peu des deux. Les vertiges se font de plus en plus intenses si bien qu’elle doit se rattraper aux murs moites et pourrissants de l’étroit couloir. Les effets de la pilule, qu’elle a prise avant d’arriver devant la tour, se font ressentir. Elle doit maintenant avancer à tâtons le long du mur car un épais brouillard est descendu devant ces yeux, accentué par quelques larmes, ce qui réduit fortement sa vision. Enfin elle arrive dans la chambre. Un courant d’air frais la surprend et lui donne encore quelques forces pour arriver à la fenêtre. Elle s’y penche et tombe. La chute est longue, très longue, mais elle finie par s’arrêter. Elle se réveille alors dans un sursaut, au moment où elle aurait dû toucher le sol. Elle est dans cette pièce humide, le soleil commence à se lever, elle ne se souvient plus de tout mais elle as dû se laisser tomber dans les matelas abandonné ici, dans une chambre de cette tour en ruine. Elle se hisse contre le mur et reste là, assise à contempler le vide, sachant qu’elle aurait pu mourir mais elle est là, en vie et c’est ce qui compte. Ce qui compte ? Elle ne le sait plus vraiment.