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 La légende de la mort. de Anatole le Braz

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Scarhatred
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Scarhatred


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MessageSujet: La légende de la mort. de Anatole le Braz   La légende de la mort. de  Anatole le Braz EmptyVen 11 Aoû - 15:51

Je ne vais mettre ici que quelques unes des histoires de 'la légende de la mort'.


LA LEGENDE DE LA MORT
A la fin du siècle dernier Anatole le Braz a parcouru le Trégor autour de Port-Blanc et une petite partie de la Cornouaille autour de Quimper pour recueillir auprès des habitants, des récits vécus et des témoignages en rapport avec la mort. Sa riche récolte fut rassemblée dans le livre La Légende de la Mort. En vingt deux chapitres les différentes étapes du passage de la vie à la mort ainsi que les relations entre les vivants et les morts sont abordées.


Le trésor du mort
Une fermière de Plounéour-Lanvern, Marie-Jeanne Thos, chaque fois qu'elle allait dans son coutil, voyait, auprès de la barrière donnant sur la route, un homme des environs, mort depuis près de cinq ans. Il lui faisait des signes avec la main, comme pour l'inviter à le suivre quelque part. Un beau jour, impatientée de son manège, elle s'enhardit à marcher jusqu'à lui et à lui demander:
- Qu'et-ce que c'est? Que voulez-vous de moi ?
Il lui fit signe de passer la barrière et de venir.
- Ma foi, se dit-elle, j'en aurai le coeur net.
Et la voilà de cheminer sur les pas du mort. Il la mena ainsi jusqu'au sommet d'une lande déserte, où il y avait une grande roche. L'homme s'agenouillant à terre, se mit à gratter le sol avec ses doigts. Quand il eut fini, il se tourna vers la femme et lui montra le trou qu'il venait de creuser. Elle se pencha et vit un monceau de pièces d'or qui brillaient d'un éclat neuf. Jamais elle n'avait contemplé pareille somme. Tandis qu'elle regardait cet or avec une admiration mêlée d'envie, le mort disparut.

- S'il m'a révélé sa cachette, c'est sans doute pour que je profites ce qu'elle contient, pensa Marie-Jeanne Thos. Et, ramassant à poignées les pièces étalées devant elle, elle en remplit son tablier. Rentrée chez elle, elle les empila dans son armoire. Et, le soir, elle dit à son mari :
- Tu désirais un nouveau cheval : tu peux en acheter, non pas un, mais quatre, mais dix, et davantage, car nous sommes riches.
- Comment cela ? s'informa-t-il, tout joyeux.
Elle lui raconta son aventure. Mais le front du fermier aussitôt se rembrunit.
- Si tu tiens à ta vie, va vite reporter cet argent où tu l'as pris.
- Pourquoi ?
- Parce que si tu ne t'en débarrasses pas, tu es vouées à mourir dans l'année.

Dès le lendemain matin, elle courut à la lande haute remettre les pièces d'or à leur place. Mais, peu de jours après, ayant eu besoin de prendre du linge dans son armoire, elle entendit un bruit d'argent : elle regarda et vit, avec stupeur, que c'était le trésor du mort qui était revenu.

- C'est bien ce que je craignais, lui dit son mari. Va trouver le recteur : peut-être te donnera-t-il un bon conseil. Mais le recteur l'arrêta dès les premiers mots de son histoire.
- Je ne puis rien pour vous, déclara-t-il. Vous avez délivré ce mort, et maintenant il faut qu'à bref délai vous preniez sa place. Préparez-vous donc à mourir chrétiennement et commandez qu'on mette l'argent du trésor avec vous, dans votre cercueil. Ainsi seulement vous serez sauvée. Elle ne tarda pas à trépasser, en effet, sans avoir été malade. Et l'on enterra avec elle le trésor du mort pour qu'il ne causât plus la perte de personne.

(Conté par Perrine Laz. - Quimper)


L'histoire du forgeron
Fanch ar Floc'h était forgeron à Ploumilliau. Comme c'était un artisan modèle, il avait toujours plus de travail qu'il n'en pouvait exécuter. C'est ainsi qu'une certaine veille de Noël, il dit à sa femme après le souper:
- Il faudra que tu ailles seule à la messe de minuit avec les enfants : moi, je ne serai jamais prêt à t'accompagner : j'ai encore une paire de roues à ferrer, que j'ai promis de livrer demain matin, sans faute, et, lorsque j'aurai fini, c'est, ma foi de mon lit que j'aurai surtout besoin,.

A quoi sa femme répondit :
- Tâche au moins que la cloche de l'Elevation ne te trouve pas encore travaillant.
- Oh! fit-il, à ce moment-là, j'aurai déjà la tête sur l'oreiller.

Et, sur ce, il retourna à son enclume, tandis que sa femme apprêtait les enfants et s'apprêtait elle-même pour se rendre au bourg, éloigné de près d'une lieue, afin d'y entendre la messe. Le temps était clair et piquant, avec un peu de givre. Quand la troupe s'ébranla, Fanch lui souhaita bien du plaisir.

- Nous prierons pour toi, dit la femme, mais souviens-toi, de ton côté, de ne pas dépasser l'heure sainte.
- Non, non. Tu peux être tranquille.

Il se mit à battre le fer avec ardeur, tout en sifflotant une chanson, comme c'était son habitude, quand il voulait se donner du coeur à l'ouvrage. Le temps s'use vite, lorsqu'on besogne ferme. Fanch ar Floc'h ne le sentit pas s'écouler. Puis, il faut croire que le bruit de son marteau sur l'enclume l'empêcha d'entendre la sonnerie lointaine des carillons de Noël, quoiqu'il eût ouvert tout exprès une des lucarnes de la forge. En tout cas, l'heure de l'Elevation était passée, qu'il travaillait encore. Tout à coup, la porte grinça sur ses gonds.

Etonné, Fanch ar Floc'h demeura, le marteau suspendu, et regarda qui entrait.
- Salut ! dit une voix stridente.
- Salut ! répondit Fanch.

Et il dévisagea le visiteur, mais sans réussir à distinguer ses traits que les larges bords rabattus d'un chapeau de feutre rejetaient dans l'ombre. C'était un homme de haute taille, le dos un peu voûté, habillé à la mode ancienne, avec une veste à longues basques et des braies nouées au-dessus du genou. Il reprit, après un court silence:

- J'ai vu de la lumière chez vous et je suis entré, car j'ai le plus pressant besoin de vos services.
- Sapristi! dit Fanch, vous tombez mal, car j'ai encore à finir de ferrer cette roue, et je ne veux pas, en bon chrétien, que la cloche de l'Elévation me surprenne au travail.
- Oh ! fit l'homme, avec un ricanement étrange, il y a plus d'un quart d'heure que la cloche de l'Elévation a tinté.
- Ce n'est pas Dieu possible! s'écria le forgeron en laissant tomber son marteau.
- Si fait ! repartit l'inconnu. Ainsi que vous travailliez un peu plus, ou un peu moins!... D'autant que ce n'est pas ce que j'ai à vous demander qui vous retardera beaucoup; il ne s'agit que d'un clou à river.

En parlant de la sorte, il exhiba une large faux, dont il avait jusqu'alors caché le fer derrière ses épaules, ne laissant apercevoir que le manche, que Flanch ar Floc'h avait, au premier aspect, pris pour un bâton.

- Voyez, continua-t-il, elle branle un peu : vous aurez vite fait de la consolider.
- Mon Dieu, oui ! Si ce n'est que cela , répondit Fanch, je veux bien.

L'homme s'exprimait, d'ailleurs, d'une voix impérieuse qui ne souffrait point de refus. Il posa lui-même le fer de la faux sur l'enclume.

- Eh ! mais il est emmanché à rebours, votre outil ! observa le forgeron. Le tranchant est en dehors! Quel est le maladroit qui a fait ce bel ouvrage?
- Ne vous inquiétez pas de cela, dit sévèrement l'homme. Il y a faux et faux. Laissez celle-ci comme elle est et contentez-vous de la bien fixer.
- A votre gré, marmonna Fanch ar Floc'h, à qui le ton, du personnage ne plaisait qu'à demi.

Et, en un tour de main, il eut rivé un autre clou à la place de celui qui manquait.
- Maintenant, je vais vous payer, dit l'homme.
- Oh ! ça ne vaut pas qu'on en parle.
- Si ! tout travail mérite salaire. Je ne vous donnerai pas d'argent, Fanch ar Floc'h, mais, ce qui a plus de prix que l'argent et que l'or: un bon avertissement. Allez vous coucher, pensez à votre fin, et, lorsque votre femme rentrera, commandez-lui de retourner au bourg vous chercher un prêtre. Le travail que vous venez de faire pour moi est le dernier que vous ferez de votre vie. Kénavô! (Au revoir.)

L'homme à la faux disparut. Déjà Fanch ar Floc'h sentait ses jambes se dérober sous lui : il n'eut que la force de gagner son lit où sa femme le trouva suant les angoisses de la mort.

- Retourne, lui dit-il, me chercher un prêtre.
Au chant du coq, il rendit l'âme, pour avoir forgé la faux de l'Ankou.

(Conté par Marie-Louise Daniel. - Ploumilliau.)

précision:L'Ankou est l'ouvrier de la mort (oberour ar maro).

Le secret de la morte
La femme Tanguy, de Penhars, ramassait du bois mort dans la forêt de Quistinic. Soudain, comme elle passait auprès d'un châtaignier très vieux et très rongé, elle vit, debout dans le creux de l'arbre, la forme d'une femme sans tête. Malgré son épouvante, elle eut la présence d'esprit de lui demander :
- Est-ce de la part de Dieu ou de la part du diable que vous êtes là ?
- De la part de Dieu, répondit étrange personnage.
- Que puis-je pour votre service ?
- Je suis ici pour une pénitence jusqu'à ce qu'une âme charitable l'ait délivrée d'un secret.
- Parlez : je vous écoute.
- Non, ce n'est ni l'heure ni le lieu. Mais trouvez-vous demain, à minuit sonnant, sur le pont de Trohir. Là, je parlerai.

- C'est bien. Je serai au rendez-vous.
De retour chez elle, Anna Tanguy raconta l'aventure à une voisine et la pria de l'accompagner le lendemain au pont de Trohir. Malheureusement, elles se mirent en route un peu trop tard, et les douze coups, sonnaient à Penhars qu'elles étaient encore à deux cents pas du pont.

Lorsque enfin elles y parvinrent, elles regardèrent vainement de tous côtés : il n'y avait personne.
- Que faire? demanda la femme Tanguy, très peinée d'avoir manqué de parole à la morte.
- Ma foi, à votre place, je commanderais une messe à son intention : du moins lui aurez-vous prouvé ainsi votre bonne volonté, dit la voisine.

Anna Tanguy se rendit donc chez le recteur de Penhars, dès qu'il fit jour, et lui remit le prix d'une messe à laquelle elle assista bien dévotement. Le soir même, comme elle était pour se coucher, elle s'entendit appeler trois fois par son nom. Elle ne se retourna point. Alors une voix qu'elle reconnut pour celle de la femme sans tête cria au dehors :

- où voulez-vous que je pose ceci?
- Sur la pierre de seuil, répondit à tout hasard Anna Tanguy.
- Dieu vous bénisse! reprit la voix. Vous m'avez soulagée de mon fardeau.
Et, par le cadre de la fenêtre, Anna Tanguy vit une grande lumière qui, peu à peu, se perdait au loin dans la nuit. C'est son bon ange, sans doute, qui lui avait inspiré la réponse qu'elle avait faite. Car ce que la morte avait à déposer n'était rien autre que son secret. Si, au lieu de le lui faire déposer sur la pierre de seuil, Anna Tanguy l'avait reçu elle-même, elle eût dû prendre dans l'autre monde la place de la défunte, en attendant d'être pareillement délivrée à son tour.

(Conté par Dupont. - Quimper.)
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Lestat
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Lestat


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Age : 36
Localisation : Landes (40)
Date d'inscription : 07/05/2006

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MessageSujet: re   La légende de la mort. de  Anatole le Braz EmptyVen 11 Aoû - 21:47

Merci beaucoup pour ses légendes des plus intérésante!!!
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